L'histoire du Manoir de Crisolles


Vestige du riche passé sucrier du village, cette grande maison de briques rouges construite en 1863 a abrité la famille des patrons successifs de la sucrerie avant d’être gravement endommagée par la guerre en 1918. Reconstruite en 1924, elle porte le nom de « Château de Crisolles ».

La sucrerie ferme en 1966, les bâtiments industriels sont détruits. La maison patronale subsiste, elle est rachetée par Françoise et Gérard Lecomte en 1984.

La sucrerie de Crisolles


 

La fondation de la sucrerie : Alphonse LABARRE

 

La sucrerie de Crisolles, fondée par Alphonse LABARRE, un gendre de Henri POULIN, fut autorisée par arrêté préfectoral en date du 26 septembre 1863, elle occupait alors 75 ouvriers pendant la campagne.

 

La reprise de la sucrerie : Albert POULIN

 

En 1888, Albert POULIN, fils d’Isidore-Alfred POULIN et neveu d’Alphonse LABARRE, reprit la sucrerie mise en faillite.

Il étendit ses propriétés et procéda à des travaux, construisit un fournil, un pressoir, une conciergerie et adjoignit à l’usine, une distillerie en 1913.

Albert POULIN eut deux enfants : Marcel (1899) et Simone, il fut élu maire de Crisolles en 1887, il acquit le domaine de Quesmy dont il devint le chatelain. 

 

La Grande Guerre à Crisolles

 

Crisolles fut envahi le 31 Août 1914 par les allemands qui y installèrent un cantonnement, avant de devenir un site logistique où les Allemands entreposaient d’importants dépôts de matériels et d’armements.

Pris comme otage, Albert POULIN fut déporté en Allemagne d’où il ne revint qu’à la fin du conflit. Durant son absence, le village subit d’importantes destructions dues au repli stratégique des armées impériales derrière la ligne Hindenburg. Ce repli fut précédé d’une évacuation forcée des habitations et des moyens de production.

Après 30 mois d’occupation allemande, le 18 mars 1917, Crisolles était libéré mais l’ église et la sucrerie étaient dévastées.

En mars 1918, les forces impériales reprirent l’offensive sur le front de Picardie, les villages de Crisolles et de Quesmy furent anéantis et avec eux les propriétés de la famille POULIN.

 

La reconstruction

 

Dès son retour d’Allemagne, Albert POULIN reprit sa fonction de maire et oeuvra à la reconstruction de la commune : église, mairie, école…

Il fit appel à un architecte parisien Roland MARTIN et fit reconstruire les bâtiments de la ferme détruite ainsi que la maison patronale.

Achevée en 1924,la maison retrouva da belle allure et la sucrerie prit le nom « Albert POULIN et fils », l’usine fut remise en marche en 1925.

 

La succession : Marcel POULIN

 

 Marcel POULIN, marqué par les invasions allemandes de 1914 ( il avait 14 ans) et la déportation de son père en Allemagne avait devancé l’appel sous les drapeaux et participa ensuite activement avec son père à la reconstruction du patrimoine familial.

Il reprit les rênes de la sucrerie et en devint directeur tandis que son père partait s’installer à Quesmy. En 1933, ils furent respectivement élus maires de Crisolles et de Quesmy.

Très attaché à la mémoire de la Grande Guerre, Marcel POULIN fut l’initiateur du monument aux défenseurs de Noyon inauguré en 1934. Mobilisé en 1939, il revint dans sa commune en 1940, refusant de collaborer avec l’occupant. Très tôt, il soutint le groupe de résistance locale formé autour de Marcel FOURIER. Rendu complice de la résistance du maquis des Usages lors de l’attaque allemande du 22 juin 1944, Marcel POULIN fut arrêté le 1er juillet 1944, déporté à Buchenwald , il fut transféré dans les mines de potasse de Stassfurt où il décèda en décembre 1944 d’un œdème pulmonaire.

 

Suite et Fin d’une sucrerie

 

La sucrerie reprise par Simone Hallot, fille d’Albert, fut rachetée en 1964 par la Compagnie Nouvelle des Sucreries réunies puis fermée en 1966 et détruite en 1970.

La maison patronale revendue en 1979 par Madame  Simone HALLOT- POULIN et M  François POULIN-FRANCIOLI à M et MME BILLOIR fut revendue en juillet 1984 à M et Mme LECOMTE qui en sont les actuels propriétaires.